10/12/2016
John Herschel Glenn Jr, né le 18 juillet 1921 à Cambridge dans l’État de l'Ohio et mort le 8 décembre 2016 à Columbus dans l’État de l'Ohio.
John Glenn, premier Américain à effectuer un vol en orbite autour de la Terre, est mort
A
bord de la capsule spatiale « Friendship 7 », il avait succédé en 1962
au Soviétique Youri Gagarine, qui avait réussi l’exploit l’année
précédente.
Avec la disparition, jeudi 8 décembre, de John Glenn à l’âge de 95 ans, les Etats-Unis viennent de perdre l’une des grandes figures de la conquête spatiale américaine.
John Glenn pouvait se prévaloir d’avoir été, le 20 février 1962, le premier Américain à tourner autour de la Terre et, trente-six ans plus tard, le plus vieux d’entre eux à participer, à l’âge de 77 ans, comme astronaute et sénateur, à une mission à bord de la navette spatiale. Bref, un ambassadeur idéal pour défendre les couleurs de l’Amérique, d’autant qu’il était l’un de ces « small town boys » à la « success story » exemplaire."Né, le 18 juillet 1921, à Cambridge (Ohio), d’un père soldat, puis plombier, et d’une mère institutrice, John Glenn passe, dans la ville voisine de New Concord, une adolescence façonnée par une éducation qui prône l’entraide, l’amour de la patrie, le respect de soi et celui des autres.
Cette jeunesse sans histoires le conduit aux portes du New Concord’s Muskingum College dont il sort titulaire d’une licence en ingénierie et d’un bon bagage en chimie. Sa vie semble tracée, jusqu’à ce qu’une annonce de l’administration américaine appelant de jeunes diplômés à devenir pilotes ne le fasse changer radicalement de voie. En 1941, il décroche son brevet et se présente à l’Army Air Corps. Mais douché par la froideur de l’accueil de cette institution, il lui préfère, en mars 1942, la Navy.
L’année suivante, il entre dans les Marine Corps, obtient ses « ailes », gagne ses insignes de lieutenant et épouse Anna Margareth Castor, originaire comme lui de New Concord, avec qui il aura une fille et un garçon. Commence alors une longue série d’affectations dictées par les impératifs de la guerre. Dans le Pacifique d’abord, où il effectue une soixantaine de missions de bombardement et d’attaque de batteries anti-aériennes dans les îles Marshall. Aux Etats-Unis, ensuite, où il forme de jeunes pilotes et teste de nouveaux jets à Patuxent River (Maryland). En Chine du Nord, enfin, où, avec son escadron, il participe à des opérations de surveillance, avant d’être transféré à Guam (Mariannes)."
A la reconquête du leadership américain
En juin 1948, il devient instructeur à la base aérienne de Corpus Christi (Texas), poste qu’il quitte en décembre 1950, pour l’école d’entraînement de guerre amphibie de Quantico (Virginie). Pas le temps de souffler. La guerre de Corée réclame de nouveaux pilotes. John Glenn y mène soixante missions au cours desquelles il fait la preuve de son sang-froid et récolte un surnom – « Magnetic Ass » – tant sa propension à attirer les obus ennemis est forte.Tous ses exploits lui valent d’être décoré à plusieurs reprises de la Distinguished Flying Cross et de l’Air Medal et d’intégrer l’école des pilotes d’essais de Patuxent River. Bientôt promu, il multiplie les vols entre novembre 1956 à avril 1957 et se fait remarquer des médias en ralliant à vitesse supersonique Los Angeles à New York.
L'étoffe des héros
Une première opportunité lui étant offerte de visiter le laboratoire spatial de la NASA de Langley (Virginie), il ne la rate pas. Simulateurs de vol, centrifugeuses, problèmes de rentrée des corps dans l’atmosphère et maquettes de capsules spatiales deviennent alors son quotidien. Aussi, lorsque la NASA annonce, en janvier 1959, qu’elle recherche des astronautes, John Glenn se porte aussitôt candidat.
Plus de 500 personnes postulent. Une centaine sont sélectionnées et sept seulement retenues début avril : les « Mercury Seven ». John Glenn est du lot. A charge pour lui et ses camarades de laver l’affront des grandes premières, passées et à venir, accomplies par les Soviétiques : premier satellite artificiel, premier homme dans l’espace.
Les crédits affluent et le tout nouveau président des Etats-Unis, John Fitzgerald Kennedy, ne ménage pas son soutien. Si bien que le 5 mai 1961, Alan Shepard fait un saut de puce et atteint l’altitude de 186 kilomètres à bord de la première Mercury. Le 21 juillet, Virgil Grissom réitère l’exploit. Mais ce n’est que le 20 février 1962, que John Glenn boucle à bord de Friendship 7 le premier vol orbital américain : trois tours de Terre en un peu moins de cinq heures.
Non sans frayeurs. La capsule pique du nez et contraint le pilote à prendre les commandes. Pire : une alarme, qui se révélera plus tard non fondée, indique que le bouclier thermique de rentrée dans l’atmosphère est mal fixé et oblige à modifier la procédure de retour.
Autant d’incidents qui rendent la tension maximale quand, lors de la descente dans l’atmosphère, le contact radio, de manière normale, est rompu durant plusieurs minutes. Mais bientôt la voix de l’astronaute crachote à nouveau dans le micro, et la NASA parvient à poser en douceur le vaisseau dans le Pacifique. John Glenn s’en tire au prix de quelques égratignures dues à l’ouverture brutale de l’écoutille de Frienship 7. Récupéré par le destroyer Noa, ses premiers mots seront : « C’était chaud là-dedans. »
L’Amérique exulte. Kennedy se précipite à Cap Canaveral (Floride) pour accueillir le héros qu’on décore de la Médaille du Congrès. Washington l’accueille en fanfare et New York lui offre une « ticker-tape parade » sur Broadway, tandis que le corps des Marines lui octroie une généreuse prime de 245 dollars.
Barack Obama : « Notre pays a perdu une légende »
« Quand John Glenn a décollé de Cap Canaveral dans une
fusée Atlas en 1962 il a fait décoller les espoirs d’une nation. Et
quand sa capsule Friendship 7 a amerri quelques heures après, le premier
Américain à être mis en orbite autour de la Terre nous a rappelé
qu’avec du courage et un esprit de découverte il n’y a pas de limite à
l’altitude que nous pouvons atteindre ensemble », a rendu hommage Barack Obama, jeudi 8 décembre.
Le président américain lui avait remis en 2012 la médaille
présidentielle de la Liberté, plus haute récompense civile aux
Etats-Unis.
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